Notre sélection d’auteures pour le FIBD d’Angoulême

Jamais une sélection n’aura fait couler autant d’encre dans le monde du Neuvième Art !

Après le post du dessinateur Riad Sattouf sur son facebook, déclarant vouloir se retirer de la compétition du grand prix du festival d’Angoulême, s’est suivi une réaction en chaîne. En effet, aucune femme ne fait partie des nominés. D’autres auteurs se sont ainsi désistés, faisant des 30 BDs sélectionnées pour concourir au Fauve d’Or (la palme d’Or Angoulinoise, le bling bling en moins) un véritable gruyère. On ne va pas enfoncer les portes ouvertes en essayant de prouver que le comité d’Angoulême n’a pas été malin, la plupart des arguments étant évidents. On vous conseille cependant de jeter un œil à l’excellente charte des créatrices de BD contre le sexisme qui est on ne peut plus clair sur l’importance de l’égalité homme/femme dans cette profession qui demeure très masculine.

Mais maintenant que la Commission Angoulinoise vient de déclarer que la sélection sera refaite, incluant un tiers d’auteurES, qui verrait-on bien remporter le prix ? Nous avons fait une liste non exhaustive des dessinatrices qui mériteraient tous les honneurs.

Pénélope Bagieu

La jeune dessinatrice de Joséphine se fait maintenant connaître du grand public. Après des très bons titres comme Cadavre Exquis ou La Page Blanche (avec Boulet au scénario), son trait fin et coloré s’affirme. Mais là où Pénélope Bagieu aurait pu s’enfermer dans son style en narrant toujours les mêmes histoires, la parisienne s’affirme dans California Dreaming. Sortie cette année chez Gallimard, la dessinatrice retrace la vie d’Ellen Cohen, chanteuse dans les années 60. Bien que le dessin soit fait uniquement au crayon à papier, l’histoire déborde d’énergie et de musicalité. En bref Pénélope Bagieu, c’est celle qu’on voudrait tous voir gagner !

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Chloé Cruchaudet

Autant illustratrice que dessinatrice et même coloriste, celle-ci n’est pas inconnue d’Angoulême, car elle a gagné en 2014 le prix du public Cultura pour Mauvais Genre. Et c’est grandement mérité ! Dans cette histoire hors du commun d’un soldat qui se travestit pour ne pas aller au Front, l’auteur porte un regard nouveau sur la 1ère Guerre Mondiale. Et qu’entends-je dans l’oreillette ? Il se pourrait que la BD soit adaptée au cinéma…

Marion Montaigne

Aaaah Marion Montaigne ! Une des rares auteures qui arrive à me faire rire au éclat (ce qui est rare vous remarquerez en lisant une BD). Avec son célébrissime blog Tu mourras moins bête mais tu mourras quand même, elle s’est remarquée dans la bd humoristique de vulgarisation scientifique. Comme Cruchaudet, son travail a été reconnu en 2013 car elle a gagné le prix du public. Et cette année est diffusée l’adaptation de sa BD en série animée, sur Arte. Tout réussi pour Marion Montaigne, pourquoi ne pas sacraliser sa carrière en lui offrant une belle récompense ?

Illustration de Marion Montaigne

Catherine Meurisse

Repérée par Charlie Hebdo, où elle sévit depuis 2005, la dessinatrice s’est aussi bien affirmée dans le dessin de presse que dans la bande dessinée papier : avec mes Hommes de Lettre, le Pont des Arts, ou Moderne Olympia. Catherine Meurice c’est une sensibilité artistique ponctuée d’une acidité et d’un humour corrosif. Pas étonnant qu’elle ait sa place chez Charlie…

Marguerite Abouet

Née en Cote d’Ivoire, la maman d’Aya de Yopougon a également inscrit sa carrière dans l’histoire du Festival. En 2006 elle reçoit le Prix du Meilleur album, pour le tome 1 de sa série phare. En décrivant avec humour un quartier d’Abidjan, ville de son enfance, elle nous fait le portrait de personnages hauts en couleur extrêmement attachants, soulignés par les dessins de Clément Oubrerie. Elle a également collaboré sous une série jeunesse (Maliki) et une série plus adulte (Bienvenue).

Posy Simmonds

Tamara Drewe, Gemma Bovery… Vous connaissez forcément les films ? Et bien sachez qu’ils viennent de l’univers pop, déjanté et so british de Posy Simmonds. Et puis bon, on parle là du festival international de la bande dessinée. Un.e français.e qui gagne le prix ça nous flatte, mais ouvrons nous sur le monde bon sang de bois !

Mais aussi…

Bon il faut bien s’arrêter à un moment. On pourrait compléter encore et encore cette liste, tant les auteurES de BD débordent de talent. Citons Marjane Satrapi (Persepolis), Aude Picaut et Lisa Mandel (issues de Tchô!), Nine Antico, …
Parmi toute cette liste, était-il si difficile de négliger du palmarès les dessinatrices ? Ce qui est sur c’est que nous regarderons avec un oeil attentif ce que le festival va mettre en place pour se rattraper.