Si on m’avait dit il y a quelques années que je pourrai entendre de nouveau la voix de celui qu’on pensait mort, je ne l’aurai pas cru. Il faut dire que j’entretiens un lien particulier avec Renaud. Cette voix si enrayée que j’ai pu tant entendre, ces chansons reprises maintes fois mais jamais égalées… J’ai véritablement découvert Renaud et toute sa discographie grâce au sublime feuilleton de France Inter consacré au bonhomme. A travers un portrait croisé j’ai pu y découvre un homme qui m’a fasciné. Un chanteur tourmenté, bourré de talent, entre loubardise, tendresse et humour. Mais en devenant si proche du monsieur, un profond sentiment de regret m’emplit. Le regret de ne pas avoir pu le voir en concert, le regret de ne pas avoir pu attendre avec impatience un nouvel album comme une friandise, du regret de ne pas avoir tout simplement »vécu » dans le même monde que Renaud.

Renaud, un chanteur du passé ?
Personnalité qui a vécu une descente aux enfers, on le pensait mort. Depuis son dernier album de reprises de chansons irlandaises notre bon Renaud ne donnait plus de signe de vie. Est-ce dû à la fatigue ? la conséquence d’une retraite anticipée ? ou de la dérive d’un homme dans l’alcool ? Au fond personne ne voulait y croire, et personne n’y croyait. Nous attendions tous impatiemment le moment où le Renard sortirait de sa tanière, guitare à la main. Et quel moment ! En fin d’année dernière l’annonce de Grand Corps Malade d’inclure dans son album participatif une chanson écrite et interprétée par Renaud, a redonné de l’espoir. Avec son single Ta batterie c’est d’une voix fatiguée, hésitante et malade que le renard a poussé la chansonnette. Ce morceau m’a brisé le coeur, c’était comme si le chanteur s’éteignait devant le micro. Ce qu’on retient de cette chanson ? Un texte très mouvant où Renaud raconte à son fils »Tu voulais faire du bruit, comme j’en ai fait parfois. Ça m’a coûté la vie, fais gaffe à tes p’tits doigts ». Renaud détruit par la chanson ? Cette sentence sonnait comme un dernier adieu. Que nenni !
Puis l’annonce d’un nouvel album…
Après de nombreuses rumeurs plus ou moins fondées, le véritable Renaud a annoncé un nouvel album pour le printemps 2016. Renaud a repris goût à la vie, a sorti sa plume poussiéreuse et a raccordé sa guitare. Hier a été dévoilé son premier single, celui du Phoenix renaissant. Un Renaud à fleur de peau, comme la pochette qui parle d’elle même, fidèle à ce qu’il était et ce qu’il écrivait. Certes on ne retiendra pas de la chanson sa richesse d’écriture, pour ça l’artiste a mis la barre tellement haut que cela serait dénaturer son oeuvre originelle. Mais le Renaud est bel est bien vivant. Entre humour et tendresse et non sans sa pointe irrévérencieuse, il s’adresse à ceux qui le croyaient morts. »Ils m’ont cru disparu, on me croit oublié. (…) Ces trous du cul peuvent toujours baver » nous dit-il d’une voix plus claire que jamais.
Le Renaud est guéri, Mister Renard est rentré dans sa tanière et a permis au Renaud de retrouver la lumière. Tapant sur les médias et les paparazzis, et s’adresse à ses fans qu’il remercie de l’avoir soutenu dans cette épreuve. »Moi sur mon p’tit chemin j’continue d’chanter » affirme-t-il. En ce début d’année c’est le meilleur des cadeaux que peut donner le chanteur à la mob’. Cependant, il reste à voir si le miracle opère toujours sur les 11 chansons annoncées au printemps, et ne cachons pas notre impatience.