Actualité : avril et mai expliqués et résumés

Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette période d’avril-mai a été assez riche en événements… Et que cela soit en politique avec la mise en place du 49-3, en psychologie avec des sujets plus graves comme le traumatisme de Gilles Verdez face à Joeystarr, dans le domaine culturel avec le livre de Nabilla (dont nous n’allons très malheureusement pas parler) et la 61ème édition de l’Eurovision ou encore, du côté de Canal +, avec l’ouverture du festival de Cannes et la fin du Petit Journal.

Le 49-3 :

La question qui brûle les lèvres de beaucoup de Français est la suivante : « qu’est ce que le 49-3 ? » L’article 49 alinéa 3 de la Constitution de la Cinquième République française permet au Gouvernement d’imposer l’adoption d’un texte par l’Assemblée, immédiatement et sans vote. En effet cette Constitution rédigée par Michel Debré et voulue par De Gaulle a pour objectif de concentrer un pouvoir fort entre les mains du Président lui permettant de facilement se passer de l’avis des citoyens.

C’est la 4ème fois qu’il est utilisé dans le Gouvernement Manuel Valls. Cette fois-ci, il a été utilisé pour faire passer la fameuse “Loi Travail”, qui a tant faite parler d’elle, à cause de tous les débats et de toute l’opposition qu’elle a suscitée.

Cette loi, présentée par la ministre du travail Myriam El Khomri, avait pour but initial de faciliter l’embauche et donc de faire baisser le chômage, mais la réalité est toute autre : elle facilite surtout le licenciement, et donne tout le pouvoir aux patrons, et comme disait Voltaire : “Le malheur des uns fait le bonheur des autres”.

Pour simplifier, ceux qui veulent le retrait de la loi sont principalement à Gauche (plus que le Gouvernement) : on peut penser au porte-parole du parti socialiste Benoît Hamon, souvent qualifié de « frondeur ». A l’inverse (et logiquement), les partisans de cette loi sont plutôt à droite : Nicolas Sarkozy, ancien président de la République et Pierre Gattaz, président du Medef (Mouvement des entreprises de France), par exemple. De leur côté, ceux qui composent le gouvernement actuel, notamment le premier ministre Manuel Valls, ou le ministre de l’économie, Emmanuel Macron soutiennent également la loi. Tout cela donne donc une situation assez paradoxale, en effet ne pouvant voter une loi se réclamant de gauche, le parti Républicain traditionaliste devrait donc voter contre une loi qu’il aurait pu proposer. De leur côté les frondeurs doivent voter pour une loi qu’ils ne cautionnent pas au motif qu’elle émane de leur parti.

C’est là qu’intervient le 49-3. En effet, l’Assemblée a fait appel au 49-2, aussi connu sous le nom de “motion de censure”, ici, ce n’est plus la loi qui est mise en avant : l’Assemblée ne vote non pas pour la loi, mais pour la confiance qu’elle porte envers le gouvernement, si la motion de censure ne passe pas, la loi est adoptée et le premier ministre et son gouvernement ne changent pas, sinon, ces derniers sont dans l’obligation de démissionner et la loi est abandonnée.

Schéma explicatif de l'AFP ©AFP mai
Schéma explicatif de l’AFP

Ainsi, le parti Républicain peut voter en toute tranquillité d’esprit contre la loi au motif qu’il vote contre le gouvernement et inversement pour les frondeurs du PS.

Cependant, le 49-3 reste une arme anti-démocratique. En effet, malgré toutes les manifestations des syndicats et des étudiants, et les occupations de places publiques avec le mouvement pacifiste “Nuit debout”, réprimandées de manières extrêmement violentes par les CRS avec notamment l’utilisation de gaz lacrymogènes et de matraques sur les manifestants, cette loi sera quand même votée sans débat.

Le Tafta, qu’est ce que c’est ?

Ces derniers temps, vous avez peut-être entendu parlé du traité transatlantique, aussi appelé « TAFTA » (TransAtlantic Free Trade Agreement) ou « TTIP » (Transatlantic Trade and Investment Partnership), et peut-être que vous ne savez pas réellement de quoi il s’agit. Pour faire simple, ce traité est un accord entre les Etats-Unis et l’Union Européenne, qui a pour but de créer des emplois et de favoriser la croissance en Europe, notamment avec des baisses des droits de douanes et de ce qu’on appelle les « barrières réglementaires ». Actuellement, ces règlementations empêchent l’Union Européenne et les Etats-Unis d’échanger tous leurs produits librement.

Malheureusement cette déréglementation pose des problèmes auprès de nombreux secteurs économiques français comme l’automobile ou les textiles qui se retrouveraient face à une concurrence presque déloyale. Mais, le traité passant par une « harmonisation des normes commerciales » menace surtout les agriculteurs européens. Si deux normes sont différentes aux Etats-Unis et en Europe, on en choisit une des deux et on l’applique. Mais dans le secteur agro-alimentaire, les règles sont très différentes entre les deux régions qui bordent l’Atlantique, et les règlementations ne sont pas du tout les mêmes (AOP, boeuf aux hormones, poulet au chlore, OGM). Le but du TAFTA est clair : favoriser le commerce. L’Europe a aussi une autre particularité par rapport aux Etats-Unis, qui est une plus grande régulation de la quantité de pesticides utilisés et parfois même un principe « d’agriculture raisonnée ». Or, des fédérations de vendeurs de graines et de pesticides comme Croplife, contestent cette régulation, TAFTA pourrait donc permettre de l’annuler…

Et Monsanto ?

Mais le TAFTA autoriserait une chose bien particulière : les Organismes Génétiquement Modifiés. Les seuls réels bénéficiaires de cette mesure seraient les fabricants d’OGM tels que Monsanto ou Bayer pour ne citer que les plus importants acteurs. L’agriculture européenne en prendrait un grand coup, au-delà des impacts sanitaires, l’importation augmenterait considérablement et donc les revenus agraires en Europe chuteraient. Des marches ont été organisées le 25 mai à l’occasion de la journée d’action internationale contre Monsanto, Bayer et les multinationales fabriquant des OGM et pesticides.

Manifestation contre Mansonto. © Guido van Nispen
Manifestation contre Monsanto du 25 mai. © Guido van Nispen

Pour rappel, Monsanto c’est un chiffre d’affaire astronomique (13,5 milliards en 2012) et la production plus de 90% des graines transgéniques de soja, de coton, de colza et surtout de maïs. Mais l’entreprise est surtout la créatrice de l’herbicide le plus vendu dans le monde : le RoundUp. Mais ça ne s’arrête pas là, si vous avez peur que le pesticide abime vos récoltes, Monsanto a tout prévu, 70% des graines OGM vendues par la firme américaine sont résistantes à cet herbicide ! De quoi vaporiser en toute tranquillité… et savoir chez qui acheter.

D’ailleurs, Monsanto sait comment garder ses clients, notamment grâce à l’utilisation de brevets. Les graines OGM étant stériles, un agriculteur va forcément devoir payer chaque année pour pouvoir replanter ce qu’il a récolté. Malin, non ?

Il ne faut pas non plus oublier que le RoundUp est lui aussi très nocif pour la planète, ce qui a valu un procès à Monsanto qui le présentait comme « biodégradable ». Et quand on sait qu’à force d’utiliser beaucoup d’herbicides, les herbes deviennent de plus en plus résistantes, et que donc l’augmentation des quantités est nécessaire pour obtenir des résultats équivalents à ceux que l’on pouvait trouver auparavant, on a de quoi avoir peur pour notre planète.

Pour en savoir plus, sur les problèmes posés par les OGM, n’hésitez pas à regarder le documentaire français Le Monde selon Monsanto :

Une nouvelle ère pour le Petit Journal ? :

Un autre évènement a bousculé les Français, le 9 mai 2016, l’animateur et producteur du Petit Journal, Yann Barthès, a annoncé qu’il ne serait plus à la tête de l’émission phare de Canal + à partir du 23 juin et qu’il présenterait une nouvelle émission quotidienne d’actualité et de culture sur TMC et un rendez-vous hebdomadaire sur TF1 à la rentrée.

© Canal plus
© Canal plus

Après 18 ans de fidélité à la chaîne et après avoir été à la tête de l’émission la plus regardée en clair sur Canal + depuis 2014, notamment chez les jeunes, avec 1,1 à 1,4 million de téléspectateurs, le journaliste phare de l’émission a dû faire ses affaires. Cependant, si le présentateur quadragénaire s’en va, le Petit Journal, lui, reste. Cela n’est pas forcément une mauvaise chose : la plupart des gens qui idolâtraient Yann Barthès pourraient alors voir la réelle « valeur » du présentateur et de son équipe en comparant l’ancienne et la nouvelle formule de l’émission. De plus, cela ne fera pas de mal de voir plusieurs formes de JT un tant soit peu critiques, car jusqu’à aujourd’hui, aucun n’avait su se démarquer autant que Le Petit Journal. Même si celui-ci est loin d’être irréprochable, (émissions truquées ou encore de détournements d’images), il reste le programme télévisuel privé le plus critique, et les gens attendent avec impatience le nouveau programme sur TF1.

L’apparition d’une nouvelle émission sur TF1 serait paradoxalement une bonne opportunité pour passer outre la censure imposée par Canal +. En effet, les grandes chaînes de télévisions privées sont détenues par des grandes fortunes qui choisissent leur grilles avec soin, pour ne pas “blesser” leurs amis eux aussi multi-millionnaires. Augmenter l’offre des JT (presque) engagés pourrait ainsi laisser place à un semblant de concurrence qui se traduirait alors par une compétition au regard le plus critique.

L’affaire Gilles Verdez :

Continuons dans les sujets d’une violence extrême avec cette affaire qui a secoué la télévision mais aussi internet. Le mardi 19 avril 2016, durant l’émission Touche pas à mon poste !, diffusée sur la chaîne D8, le présentateur Cyril Hanouna a l’excellente idée d’envoyer son compère Gilles Verdez faire une blague à Joeystarr, jury de l’émission La Nouvelle Star, diffusée sur la même chaîne, juste avant qu’elle ne débute. Gilles s’introduit donc dans la loge du jury en se faisant passer pour un livreur de pizza, mais il ne s’arrête pas là, après que le rappeur lui ai gentiment demandé “d’enlever sa main de sa tête”, il pousse le bouchon un peu trop loin en lui faisant un bisou. Excédé, le drame se produit : Gilles Verdez reçut une baffe de la part de Joeystarr.

Notre petite victime, de retour sur la plateau, exigea des excuses de la part du grand méchant bourreau. En représailles Cyril Hanouna décida même de garder l’antenne tant que l’agresseur ne se serait pas excusé auprès de l’agressé. C’est finalement à 21h20 que l’antenne est rendue. Pendant l’émission La Nouvelle Star, Joeystarr s’est finalement justifié auprès du public, sans présenter ses excuses, expliquant qu’il n’était pas un pantin qui devait être au diapason de gens qui s’amusent. De plus, il a évoqué une blessure à la clavicule qu’il avait eu pendant un concert.

Par “solidarité” pour Gilles Verdez et parce que l’on aurait menti à Hanouna lui déclarant que Joeystarr s’était excusé, l’émission Touche pas à mon poste ! du mercredi 20 avril a été annulée. Cependant, le lendemain on apprenait que le maltraité souffrait encore de maux de têtes et d’insomnies après cet évènement.

Mais l’évènement a aussi suscité l’inquiétude du CSA, qui après la plainte de plus de 300 téléspectateurs suite à cette gifle, s’inquiète de la récurrence des débordements dans l’émission et donc de la banalisation des pratiques que l’on peut y trouver. Il faut tout de même reconnaître que cette affaire a mis un grand coup à la culture française, car l’émission Touche pas à mon poste ! de D8 est une des plus regardées en France avec un record d’audience de 2.032.000 de téléspectateurs.

En somme on espère que ce mois de mai finira mieux qu’il n’a commencé…