Puis-je espérer un jour sortir d’un film de super-héros en étant satisfait par ce que je viens de voir ?
Difficile à dire. Encore une fois, je rentre chez moi déçu, frustré, énervé… Me disant “c’est la dernière fois que je vais donner 10 balles à des producteurs qui se fichent de moi !”.
Puis j’oublie, 2 mois passent, et un nouveau film adapté d’un comics arrive dans les salles. S’en suit une promotion omniprésente, qui extirpe de sa torpeur mon petit cerveau formaté par les Goliath DC et Marvel. Trop tard, les producteurs aux gros cigares m’ont manipulé, et je me rends une énième fois dans le cinéma le plus proche, pour assister à la projection du nouveau film tiré de l’univers DC. Go pour Suicide Squad.
Un film mort né
J’attendais ce film autant que je le craignais… Cherchant à surfer sur la vague Marvel, le casting de celui-ci avait de quoi effrayer. Comment faire rentrer à l’écran, et ce en 2h, tous ces personnages ? Comment laisser la possibilité aux acteurs de développer leurs jeux ? Et aux scénaristes de construire leur psychologie ?
A vrai dire je regretterais presque la phase 1 de Marvel (les aventures en solo de Captain America, Iron Man, ou Hulk..). Ses films, bien qu’ayant des scénarios très basiques, permettaient aux personnages de se poser. Et cela vaut aussi pour les films de super héros plus anciens, avec notamment la série des Superman, ou les Batman de Burton, Schumacher ou Nolan.
« Un super héros, son némésis, une menace planètaire, et quelques personnages secondaires. La recette n’est-elle pourtant pas simple ? »
Nolan avait bien réussi à relancer le genre des films adaptés de comics américains, en ancrant son action dans un monde plus sombre, plus réaliste,… Mais Nolan ne se foutait pas de la gueule des spectateurs ! Si je vous dis “la trilogie des Dark Night”. Là vous voyez le Joker, Batman, la Batmobile, les plans stylisés sur la ville en feu, Bane, Catwoman, le manoir des Waynes…
Et si je vous dis “Avengers”. Plus difficile d’un seul coup de retenir quelque chose de ce gloubi boulga filmique…?
« Plus c’est gros plus c’est bon »
Je sais que je vais m’attirer les foudres des amateurs de comics, mais je déteste le film Avengers pour un tas de raison qui seront aussi applicables à Suicide Squad. Mais là n’est pas la question. On ne peut pas construire un film intéressant sur une dizaine de héros qui occupent tous un rôle principal. Et c’est ce trop plein indigeste qu’on retrouve hélas dans Suicide Squad… A trop vouloir en faire, on fourre, on fourre, on fourre… Mais à un moment le spectateur que je suis a envie de souffler, de se poser, d’évoluer avec les personnages, les lieux, bref avec l’action qui se déroule.
Pourtant tout commençait bien. Les 30 premières minutes ressemblent à une espèce de bande annonce du film qu’on aurait voulu voir pendant 2h. Les origins story des personnages sont expédiées pour certains en quelques secondes. On nous balance tous ces noms et ces tronches qu’on aura vite oubliés sorti du long métrage. Les musiques sooo cool s’enchaînent et n’ont même pas le temps de se dérouler en entier, on se croirait dans Un dîner presque parfait sous LSD.
Le plus ridicule reste ces panneaux explicatifs qui apparaissent à l’écran à chaque personnage introduit. Et ce pendant 5 SECONDES ! VOTRE TEXTE DE 20 LIGNES CENSÉ EXPLIQUER POURQUOI L’ON DEVRAIT S’ATTACHER À VOTRE PERSONNAGE, ON NE PEUT MÊME PAS LE LIRE TANT IL DISPARAIT VITE !
Hum je m’emporte. En résumé, rien que l’exposition aurait mérité un film à lui tout seul…
Du fan service nauséeux
Mais bon, soit, passons. D’après les récentes déclarations du réalisateur David Ayer, ce film a été produit pour les fans de comics. On peut comprendre l’inutilité d’expliquer à un néophyte l’origine du Joker, ou de Harley Quinn (bien que celle ci varie en fonction des différentes histoires…). M’enfin votre bonhomme qui a des problèmes dermatologiques (Killer Krok), ou vos personnages qu’on appellera les quotas ethniques (la chinoise aux katana qui s’appelle Katana (?!), et le latino qui s’enflamme), on aimerait un peu plus faire connaissance avec eux. Les seules fois où le film s’essaie à entrer en profondeur dans la psychologie d’un personnage, cela devient assez ridicule. Citons DeadShot incarné par un Will Smith (trop mis en avant) qui est vu, vu et revu !
Ce film sent tellement le fan service à plein nez que ça en devient insultant pour l’étranger à cet univers comics que je suis. Un film doit se suffire à lui même, et ne devrait pas nécessiter de connaître tout le background en long en large et en travers.
La plupart des soldats du Suicide Squad (dont on cherche encore l’utilité) sont d’un osef total, mention spécial à Cara Delevingne qui est ridiculement drôle. Quant à Harley Quinn, elle est tout simplement insupportable, et son traitement d’une misogynie assez révoltante (c’est bon on les a vu tes plans serrés sur le petit fessier dodelinant de Margot Robbie).
En ça les affiches promotionnelles ne nous mentent pas, ces personnages sont bel et bien morts à l’intérieur…
Un Joker raté
Mais ce qui me fait taper sur mon clavier vigoureusement c’est le personnage du Joker. PLUS D’UN AN qu’on tease celui qu’on nous a vendu comme “le Joker le plus terrifiant”. Non pas que Jared Leto devait écraser la performance ahurissante d’Heath Ledger, le précédent interprète du clown, mais on attendait un peu plus qu’une dizaine de minutes de présence à l’écran !!!
Je mettrais même mon édition collector de The Killing Joke à brûler si on me trouverait un plan dans le film de plus de 10 secondes sur le visage de Jared Leto. Ce dernier surjoue et grimace au désespoir de nos mirettes. C’est affligeant… On en viendrait même à aller boire un thé chez Alan Moore pour râler avec lui sur le traitement des personnages de comics à l’écran, qui est souvent assez catastrophique.
Le film n’arrive pas à assumer ni sa désinvolture et son fun (lié à Marvel) ni son réalisme pompeux et symboliquement lourd (lié à DC, oui Batman V Superman c’est toi que je regarde…).
Est-il alors un bon divertissement tout simplement ? Sans être un chef d’oeuvre, peut-on se plaire à regarder Suicide Squad ? Mmh…
Un divertissement à la coolitude molle
Les scènes d’action où tous les méchants se battent véritablement ensemble sont finalement assez peu présentes. Avec tous les défauts qu’Avenger présente, on ne peut pas retirer le magnifique plan séquence où tous les héros combattent ensemble. Suicide Squad est trop poussif. Il n’est pas assez fou, ni insolent ni explosif, comme on a pu nous le vendre. En sortant de la salle, difficile de retenir quelques plans mémorables…
Ici chaque personnalités de la dizaine de protagonistes s’écrasent. Ca braille, ça grogne, mais difficile de sentir une unité. Un comble quand le film porte dans son nom le mot escadron…
Suicide Squad est une énorme déception et n’est qu’un petit film parmi la galaxie super héros. Pire encore, il s’agit d’un énième “film bande annonce” nous présentant les futurs opus, tout comme l’était le très plat Batman v Superman. On y fait référence aux futurs films Batman en solitaire, ainsi qu’à Aquaman et à Justice League (l’indigestion nous frôle les amis).
Sur ce, rendez-vous dans quelques mois pour la critique de Docteur Strange ? De mon côté, je m’en vais regarder de nouveau Kick Ass et V pour Vendetta, dans l’espoir qu’un jour, un film adapté d’un comics puisse m’émouvoir et me marquer.
On se quitte sur du Bob Dylan, une chanson utilisée pour le générique de Watchmen, assez lourde de sens…
Then you better start Swimmin’ or you’ll sink like a stone
For the times they are a-changin’.
Comme eux, lâche un coms ;-p