La sortie de ce Dans la Légende n’est finalement pour moi qu’une excuse pour taper l’article plus général que je voulais consacrer à PNL depuis un bout de temps. Parce qu’il y a en réalité beaucoup à dire sur toutes les composantes de cette expérience artistique bizarre. Et cela que se soit sur un plan instrumental (leurs prods, leur approche de l’autotune), textuel (leurs références, leurs priorités, leur amour pour les onomatopées) ou plus extérieur (leur fanbase, leurs stratégies marketing, leurs clips et leur esthétique). Ce sont tous ces éléments qui par une miraculeuse alchimie arrivent à faire tenir debout Peace N’Lovés. On disait pourtant déjà il y a plus d’un an «on s’en branle c’est que du buzz dans 2 mois plus personne se souvient d’eux» et malgré tout, ils grattent toujours des dizaines de millions de vues à chaque nouveau clip aujourd’hui. Mais après Que La Famille et Le Monde Chico qui partageaient, avec certes des différences en terme d’ambiances et d’exécution, le même délire de spleen électronique sur fond de prods atmosphériques, comment garder la machine PNL fraîche et intéressante ? Comment faire un doigt à cette malédiction de l’essoufflement de la hype post-premier album ? Chronique !
Un troisième album
Dans la Légende donc, c’est le troisième album de PNL, après Que La Famille (si on le considère comme tel, puisqu’il a peut-être davantage des airs de mixtape mais bon la terminologie ça casse les couilles de tout le monde) et Le Monde Chico, sorti fin 2015 et qui été devenu disque d’or. Comme à leur habitude les deux frères nous ont longuement teasé la chose. Le premier extrait de l’album, La Vie est Belle, est dévoilé plus de 7 mois avant la sortie du disque, lorsque le titre, la cover et la tracklist ne le sont que très tardivement. Mais quelles évolutions allait-on pouvoir percevoir dans leur recette musicale très particulière ?
Les prods
Premièrement, parlons un peu des prods. On a toujours aimé accorder un rôle très important aux instrumentales dans le succès de PNL, d’ailleurs parfois de manière critique. A grands coups de «La prod défonce le reste c’est à chier» et d’autres sympathiques interventions, de nombreux petits experts adorent noircir les pages commentaires de Youtube de remarques et analyses inutiles. Ce qui est certain c’est qu’ils ont des standards instrumentaux particuliers. Cela se manifeste avec beaucoup de nappes très étalées (Oh Lala, Simba, La Vie est Belle par exemple), pas mal de compositions, des synthés humides, et parfois même des idées carrément osées comme cette boucle de saxophone qui berce Lala. Si c’est moins neuf aux Etats-Unis, avec des artistes tels que Lil Durk notamment, ce sont des choix artistiques qui restent rares dans le paysage rap français. On pourrait cependant tenter des rapprochements avec des mecs comme Jorrdee, Ash Kidd ou dans une moindre mesure, Népal.
J’ai cependant toujours eu le sentiment que les prods sélectionnées par PNL n’étaient souvent pas si exceptionnelles que cela, et que si elles paraissaient à ce point profondes et modernes, c’était sans doute grâce à leur formidable utilisation de l’autotune et leur traitement des voix en général – j’y reviendrai. La production d’un morceau comme Oh Lala, par exemple, ne propose rien d’incroyable quand on l’écoute nue. Un accord simple de strings longs et vaporeux, quelques percus drill bourrées de reverb, des BRUITS DE CLOCHE comme dirait Alban Ivanov, et c’est tout.
Mais pour Dans la Légende, PNL effectue un petit virage artistique en termes de beats. Première constatation : si elle est toujours aussi contemporaine, la production semble moins synthétique que sur Le Monde Chico, plus organique. Cette impression est renforcée par la présence d’instruments plus que de synthés sur certaines tracks. On trouve ainsi une boucle de piano sur DA, de la guitare sur Luz de Luna et Jusqu’au Dernier Gramme, et ne parlons pas de Bené qui part même dans un délire… zouk ? L’album est de toute façon plus solaire jusque dans l’instrumentation, là où Le Monde Chico faisait son effet sur des sons plus froids et électroniques. Plus globalement les prods paraissent plus chargées, plus appliquées : beaucoup de sub-basses, ce qui est de mémoire une nouveauté, des samples vocaux triturés (Humain), quelques percussions super originales pour le genre (le petit snare sec et clair de Jusqu’au dernier gramme, les drums très fortes de DA et Tchiki Tchiki, l’espèce de carillon un peu glitchy sur les 30 premières secondes de Tu Sais Pas...).
Pour finir, je serais curieux de savoir si l’on a cette fois affaire des instrus faites sur mesure, et plus des type beats piochés un peu partout sur internet ; d’autant que j’ai reconnu quelques percussions utilisées, qu’en tant que producteur j’ai moi même trouvé dans des packs gratos et intégré à certains de mes sons, ce qui me laisse un peu le goût d’un support musical «fait maison».
L’autotune
L’autre truc auquel on associe systématiquement PNL, et pas sans raison puisqu’ils t’en bombardent littéralement la gueule en permanence sur chaque album, c’est l’autotune. Ahhh l’autotune, ce gros mot. Cette formidable incantation qui fait trigger tous les enculés qui ne jurent absolument que par le boom bap. Cet outil du sheitan qu’on aimerait faire passer pour le clou qui a scellé le cercueil du rap. C’est de cet amour pour l’autotune que partent toutes les comparaisons idiotes avec Jul notamment, alors que PNL en a une approche beaucoup plus intelligente, rigoureuse, presque chirurgicale. On a tendance à oublier qu’il est évidemment possible de se servir de cet effet sans que le morceau final sonne «tube de l’été bouge ton boule METS LES MAINS EN L’AIR» (même si Bené en a quelques airs)… Le duo nous le rappelle sur la totalité des pistes de l’album, de la gracieuse et subtile Uranus (qui nous renvoie légèrement au J’Comprends Pas de QLF) à Tu Sais Pas et son époustouflant refrain. Mais PNL ne limite pas non plus son travail de polissage studio à l’autotune, et sur de nombreuses chansons on distingue des petites touches de vocoder (J’Suis QLF par exemple), des voix sous-mixées (Uranus), beaucoup de delay, beaucoup de reverb notamment durant les passages où l’instru est passée sous silence… Et que dire de La Vie est Belle ? Cette track est un véritable travail d’orfèvre en terme d’agencement vocal, le refrain de N.O.S est tout à fait impressionnant d’un point de vue musical et aucune des nombreuses couches d’autotune superposées n’est inutile. Un son à l’architecture sonore quasi-scientifique qui s’adresse peut-être moins au public rap qu’au public «électro» de PNL. Cela explique sans doute son faible nombre de vues (enfin comparativement aux autres vidéos hein, 10 millions c’est déjà ouf). C’est malgré tout regrettable aux vues de la qualité du morceau et de l’imagerie du clip. C’est l’une des forces de PNL : avoir su proposer une musique qui peut potentiellement plaire aux aficionados de rap, de musiques électroniques et de pop. Très honnêtement je ne m’attendais pas à ce qu’un jour un groupe aussi foncièrement street, dans ses textes, ses thèmes, ses gestuelles et son background que PNL, puisse tutoyer à ce point le son synthétique. Je ne sais pas quel est leur rapport à l’électro, la synthpop et ce genre de bails, mais bon après tout ils ont bien fait un passage à We Love Green… je serais très curieux de les entendre sur ce sujet en tout cas, même si la persective d’une interview paraît assez lointaine.
Cela dit, c’est aussi complètement possible que ce ne soit pas du tout leur univers et que toutes les éloges que je viens de formuler soient à adresser à leur ingé son. Quoiqu’il en soit ça ne change pas grand chose, bravo à lui si c’est le cas, le fait est que le produit fini est exceptionnel ! Entendre un son aussi propre et soigné dans les top charts du rap français, qui se satisfait trop souvent d’une random prod trap sur laquelle on a kické puis rajouté quelques backs en écho, est très appréciable. PNL ont ce don de fusionner avec la prod dès qu’ils sortent l’autotune, Oh Lala en était peut-être l’exemple le plus probant.
Pour clore cette analyse de l’aspect purement musical, je pointerai juste du doigt une qualité qui nous est devenue tellement évidente que l’on ne daigne même plus en parler : leur capacité à accoucher de mélodies et compositions remarquables. Ademo brille à ce niveau sur Naha, Tu Sais Pas, Dans La Légende, Bambina... mais N.O.S, bien que traditionnellement plus linéaire mélodieusement, n’est pas en reste notamment sur Uranus où il nous gratifie d’un hook fabuleux, ainsi que sur Kratos, Mira ou encore Cramés.
Beaucoup de travail sur le mixage donc. Mais puisqu’on parle tout de même de rap et que, même si de toute évidence, ce n’est pas forcément là le grand intérêt de PNL, on attend une certaine performance vocale, parlons un peu des flows, des débits et des placements.
Des flows, des débits et des placements.
Ce qu’il y a de rigolo à faire avec PNL, c’est de comparer leurs débuts dans le rap à leur musique actuelle. Ainsi on les retrouvait avant 2014 à poser sur des prods boom bap ou pré-trap un peu vieillottes, avec un style vestimentaire et de flows beaucoup plus classiques. Là où il semblerait que N.O.S ait toujours été un rappeur très compétent, Ademo avait souvent un peu de mal à être dans les temps et avait l’air de s’en battre légèrement les couilles de compter les syllabes. Mais il y a quelque chose qui lui est resté : ce putain de charisme au micro, cette rage, cette dalle, cette énergie. Il résume la chose superbement dans le freestyle 185 Litrons : «Et si quand je rappe j’perds des kilos c’est parce que je les donne dans le son». C’est totalement ça : le gars donne tout. Il peut aller vite, il hurle parfois. Il exploite sa corde vocale à fond, des cris d’animaux, des raclements de gorge… Ademo est un artiste vraiment unique à ce niveau là. On retrouve bien sûr ce côté bestial sur ce nouvel album. Onizuka, DA, Humain... et bordel Tu Sais Pas, j’arrêterai jamais de couvrir ce morceau de fleurs. Le refrain dont il est l’auteur est d’une beauté et d’une puissance incroyables, et son couplet est très bien rappé ! Le rap a rarement l’occasion d’offrir de telles envolées mélodiques et mélancoliques.
L’une des particularités du rap de PNL est qu’ils prennent beaucoup de libertés vis-à-vis de la langue, des prononciations plus particulièrement, et cela se ressent quand on aborde le sujet des placements. Chez N.O.S comme chez Ademo on retrouve ces syllabes très appuyées, ces articulations un peu absurdes parfois, notamment pour rimer en «eu» par exemple. Pour faire simple : s’ils ont une idée de phase, ils forcent le langage et même la prod à s’y plier.
Le duo se pare de flows finalement assez variés : l’inévitable débit saccadé comme on en entend énormément dans les productions rap français mainstream, mais aussi des articulations lentes quand la prod s’y prête, des accélérations subites qui parfois semblent un peu forcées, parfois suivent très bien les percussions (on se souvient du très propre couplet de N.O.S dans Sur Paname). Rien qui ressemble à du kickage «à l’ancienne» sur des instrus classiques certes, pas de flow régulier dans le débit et dans la rapidité, mais quand même pas mal de personnalité et souvent un joli jeu de course-poursuite avec le beat.
Enfin, qu’en est-il du contenu lyrical ? Un certain nombre d’auditeurs considèrent qu’il s’agit là de la faiblesse de PNL. Même si ce n’est pas mon avis et que j’attribue cette réflexion à une étude trop superficielle des lyrics (ou à une définition bien trop étroite de ce qu’est un «bon texte»), il paraît bienvenu d’accorder quelques paragraphes au sujet. De prime abord, pas grand chose de nouveau sous le soleil de Mexico. Ademo a toujours la même obsession pour les onomatopées et les cris de guerre douteux, tandis que N.O.S emmène encore et toujours la misère en balade. Mais malgré cette propension à remplir une bonne partie de leurs textes de phases d’enjaillement, de gimmicks, de recyclages, ils arrivent toujours à concentrer leurs capacités d’écriture pour mettre au monde quelques superbes lignes disséminées un peu partout. Et ce Dans la Légende nous prouve même qu’ils peuvent le faire de manière beaucoup plus constante qu’avant.
Malgré quelques critiques médisantes qui laissent sous-entendre que N.O.S et Ademo sont textuellement transposables, il n’en est rien. Leurs habitudes d’écriture et leurs fulgurances lyricales sont bien différentes. Alors que N.O.S est plus du côté de la contemplation, de la recherche de la plénitude ou au contraire des charmes du noir, Ademo aborde davantage ses textes de manière guerrière, et exprime volontiers à quel point il se reconnait dans le délire «moi contre le monde, moi contre les hommes». Ademo est une bête bizarre en cela que son petit frère a beau baigner clairement dans une sorte de déprime lasse, il hésite souvent à se définir entre amertume-solitude et ambition-lumière. Il a «cette haine qui le pénètre dès qu’il se lève» mais il aime aussi le soleil le Nutella et les gros boules.
Punchlines marquantes
N.O.S a toujours eu un vrai sens de la poésie, un vrai talent pour la belle phrase, ce qu’il avait pu laisser éclater sur J’Comprends Pas en particulier («Ce chemin étroit et sombre me séduit/L’impression qu’il soigne mon coeur de E.T.»). Il nous le confirmera sur ce nouvel album, avec quelques formulations et images poignantes :
- «J’ai compté toute la journée jusqu’à m’en brûler les ailes
J’ai cogité toute la nuit jusqu’à ce que s’éclaircisse le ciel» (Mira) - «La lune ne sera pas toujours pleine
Mon coeur ne sera pas toujours vide
Et tard le soir je traine, en attendant que ma peine se transforme en haine» (Uranus) - «J’fais le tour de ta vie, je m’ennuie j’retourne à la mienne
On a pas la même vie, mes cauchemars ne deviendront pas tes chaînes» (Cramés) - «J’sais pas c’qu’il s’passe dans ma tête, parfois
J’voudrais sauver la Terre
Parfois, j’voudrais la voir brûler»
«J’me vide dans le cul du superficiel» (Jusqu’au dernier gramme) - «Je recrache le mal»
«J’ai peur de te perdre m’a dit mon miroir
Je garde cauchemars dans le fond du tiroir» (La Vie est Belle) - «J’aime son accent, j’aime ma vie en vrai
Je prends ton temps, je réfléchis après» (J’Suis QLF, un des meilleurs couplets de l’album par ailleurs)
Ademo, dans un registre différent, peut-être justement plus rap avec un délicieux mélange d’humour et de violence, arrive tout de même à être à l’origine de très belles sorties lyricales :
- «Autour y’a les hommes, entre nous y’a le voile»
«Le soleil se lève, temps et soucis dessinent le visage
La lune prend le relais, lance un dernier baiser dans l’virage» (La Vie est Belle) - «Soleil sur la tess, ça lève les compét’
Mon hall, tu me manques, et tu le sais, j’m’en pète» (Naha) - «-Et donc là ? -Et donc rien, ça me rend pas plus heureux
-Et l’amour ? -J’en ai pas, et je ferai bien plus d’euros
-Hein c’est triste -Ouais, hé tranquille c’est la vie
-Vraiment triste… Hé, m’fais pas comme la psy !» (Luz de Luna, sublime couplet dans lequel Ademo fait sa psychanalyse sous forme de dialogue avec lui-même) - «Mon dieu faut que je me dirige vers la Mecque, mais bon j’suis de la pire espèce» (DA)
- «J’voulais le monde, aujourd’hui je veux jongler avec
Demain j’lui pisse dessus et j’pars sur Namek»
«J’crache tout mes sentiments sous le rocher
Si l’rap paye plus j’te dis buena noche» (Uranus)
S’il fallait faire une remarque plus générale sur l’écriture de cet album, ce serait celle-ci : le ton est clairement plus lumineux. L’énorme succès de Le Monde Chico ainsi que l’argent de plusieurs années de vente de drogue amassé par le duo leur a permis de voir le bout du tunnel, de sortir des Tarterêts, de voyager autour du monde (rappelons qu’ils ont tourné des clips en Espagne, en Italie en Islande, en Namibie, au Japon et au Mexique). Ainsi, l’espoir d’une rédemption pour les deux frères et d’un assagissement semble pointer le bout de son nez («La lune ne sera pas toujours pleine/Mon coeur ne sera pas toujours vide» dira N.O.S sur Uranus). Reste néanmoins toujours ce ton pessimiste, qui nous fait notamment comprendre que cette nouvelle situation, cette nouvelle vie plastique n’est sans doute que temporaire, et qu’il faudra bien retourner au front un jour pour la regagner («Igo j’suis dans la vi, igo j’suis dans la villa/Tout ça c’est pas l’avenir, j’m’attache pas à cette vie là/Pourquoi se mentir, ce présent n’est qu’un mirage» sur Uranus, ou encore «La guerre, on l’a faite, on la refera, pourquoi donc épiloguer ?» sur Jusqu’au dernier gramme).
Un reproche régulièrement fait à la fratrie en termes de contenu écrit est la récurrence de certains thèmes déjà surexploités par le rap français tels que la drogue, le quartier, la violence. La presse et les détracteurs du genre adorent se saisir de cette excuse pour implorer le rap de «sortir de la rue», de «changer de disque».
C’est bien la critique la plus injuste et la plus irrespectueuse qui soit : peut-on décemment demander aux représentants d’une culture urbaine de ne pas parler de leurs vies ? Sous prétexte que cela a déjà été fait, il faudrait ne plus s’exprimer sur la misère sociale, sur la frustration et l’ennui procurés par une vie en banlieue ? Dans le cas de PNL, ces mecs t’expliquent qu’ils ont vendu, fait de la prison, risqué leur vie et brûlé leur âme pour faire en sorte que leurs proches s’épanouissent, si possible loin de ce quotidien, bien calés en bord de mer. C’est censé te toucher, et si ça ne te touche pas, fais au moins l’effort de garder tes réclamations de consommateur insatisfait pour toi.
Pour finir il y a dans l’écriture de PNL, au delà des thèmes, des procédés d’écriture, des punchlines, un aspect fascinant : leur jeu de références. S’il y en a des cramées et plutôt attendues (Dragon Ball Z en tête de liste), le groupe fait également appel à des éléments de pop-culture beaucoup plus surprenants, qu’il faut chasser et repérer à travers les textes de l’album. Des oeuvres d’animation tout d’abord, telles que le Roi Lion, le Livre de la Jungle, Aladin, South Park ou GTO (Great Teacher Onizuka), mais également des jeux-vidéo : Ademo évoque par exemple la Sega, Sagat (un personnage de Street Fighter) et même The Legend of Zelda à deux reprises ! Et si nous nous risquions à faire un parallèle entre leur idée de commercialiser une version Orange et une version Rose de l’album, dont chacune comporte un titre inédit, et les versions Pokémon, ce ne serait même pas farfelu. Il s’agit d’une information intéressante et sans doute essentielle à une véritable compréhension du concept PNL. Elle traduit leur obsession pour l’enfance tout d’abord, cette enfance insaisissable une fois terminée et exposée derrière des vitrines dans le clip de Tempête, et ces enfants qu’il faut aujourd’hui protéger, et «écarter des seringues usagées» comme disait Fredy K. Mais elle explique peut-être aussi les touches d’originalité qu’ils distillent au sein même de leur musique très street, comme leur passion de l’onomatopée ou leurs styles improbables. Dans tous les cas ces références plutôt osées confirment le caractère étonnant du duo -depuis quand on joue à autre chose qu’à Fifa au quartier ? Hérésie !
PNL nous délivre avec Dans la Légende un album superbement produit et réalisé, très appliqué, bourré d’émotion et à la ligne artistique risquée mais assumée et réfléchie.
Des mélodies dont certaines résonneront dans les crânes pour encore un bon bout de temps, des pics de poésie qui surgissent entre les gimmicks et les onomatopées sauvages, une musique moderne et belle, des lyrics en mode pochette-surprise qui laissent deviner intelligence et sensibilité, un duo passionnant qui semble savoir où il va et une putain d’oasis à laquelle le rap français ferait mieux de venir s’abreuver.
Version courte : ces types sont trop forts, cet album est une merveille et vous devriez l’écouter.
Disponible sur Deezer ici
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