Gouvernement français

Pourquoi je ne voterai pas « utile »

Les jours passent et l’on continue de me faire croire qu’il faudrait que je vote utile. A cette habile façon de me faire comprendre que ne pas voter Macron c’est voter Le Pen, j’aimerais répondre plusieurs choses :

1. Le vote est mathématiquement inutile

0,000 003 %. Faible pourcentage me direz-vous ? C’est pourtant l’influence que vous auriez sur la prochaine élection présidentielle si un quart de la population s’abstenait.

En d’autres termes, pris dans son individualité, le vote na aucun intérêt. Jamais une élection nationale au suffrage universel directe ne s’est jouée à un vote près et il est peu probable que cela se fasse un jour.

A quoi bon donc voter utile si je ne changerai rien à l’issu de l’élection ?

2. Le vote n’a plus qu’un intérêt personnel

Qu’en conclure ? Que lorsque l’on vote (pour les plus optimistes), il ne s’agit jamais que d’être en accord avec soi-même. Le Conseil constitutionnel n’aura que peu faire de ma voix. En revanche, pourrais-je décemment protester contre un Gouvernement que j’ai légitimé par mon vote et que je ne cautionnais pas ?

Non, le vote utile ne vaut pas la peine de me retrouver face à un tel dilemme.

3. Ne pas voter contre et voter pour

Et si finalement, le vote utile n’était pas une simple façon d’échapper au choix ? En effet il est bien plus facile de se retrouver dans l’opposition à des valeurs infectes que d’adhérer à un projet. Il est plus dur de dire « je cautionne ce programme » (quand le candidat en a un…) que de dire « je ne cautionne pas le racisme ».

Dès lors, il semble pour plus d’un opportun de se laisser porter. « Pour qui voter si je veux être en accord avec ma pensée la plus consensuelle ? ». « Aujourd’hui j’ai voté utile, je me suis battu contre le racisme et l’intolérance, quelle belle journée. »

4. Pourquoi Macron ?

L’autre graaand problème que me pose le vote utile est « pourquoi Macron a-t-il été désigné comme candidat du vote utile ? » « Parce qu’il incarnait un juste milieu » me direz-vous. Quelque chose me dérange là-dedans… Rama Yade avait un projet très similaire et pourtant personne ne s’était intéressée à elle. Ayant annoncé sa campagne bien plus tôt qu’E. Macron, elle n’a pourtant pas réussi à avoir ses 500 signatures.

De plus à une heure où l’on nous rabâche que plus personne ne croit les sondages, pourquoi continuer de croire que E. Macron incarne le vote utile ? Au moment où  J.-L. Mélenchon continue de progresser dans les sondages, rien ne nous dit qu’il ne sera pas au second tour et donc logiquement qu’il aurait fallu voter pour lui. Lui aussi, d’ailleurs, rassemble tous les bords. Mais surtout, la vérité est en fait que…

5. Le vote utile au premier tour n’a aucun intérêt

En effet, si l’on continue de croire les sondages, peu importe qui sera au second tour, iel l’emportera face à Marine Le Pen. Dès lors, à quoi sert-il de voter utile au premier tour pour un candidat que l’on n’aime pas ?

Si l’on doit voter Macron car il est le grand favori pour contrer le FN, autant attendre le second tour non ? La logique marche pour tous les candidats.

Un vrai vote utile serait de plébisciter non pas un mais deux candidats pour contrer le FN. Dès lors privé d’un second tour, impossible pour Mme. Le Pen de se faire élire. Mais bon on m’a dit « il faut voter utile, il faut voter Macron » alors je ne vais pas non plus commencer à critiquer.

6. Le vote Macron n’est qu’une bombe à retardement

Il paraît banal de dire que le Marine Le Pen a construit sa popularité grâce au manque de mesure symbolique ou sociales des autres gouvernements. On peut facilement penser que François Hollande n’a rien fait durant son quinquennat, lorsque ses mesures les plus médiatisées ont été la loi Taubira et la loi travail (qui ne fut d’ailleurs pas vraiment un progrès social).

Pourtant E. Macron propose exactement la même chose. Ne se voulant pas comme un homme providentiel il ne propose pas un programme mais un projet : une cohérence dans les décisions qu’il prendra. Encore une fois, son quinquennat n’ira pas dans le sens des classes les plus défavorisées et se fera sans doute sans éclat. En conséquence, on peut facilement imaginer que les classes déjà déçues se lassent de ces « révolutions » annoncées et finissent par croire que la seule viendra du FN.

Le constat change d’ailleurs peu si l’on prend un autre candidat que E. Macron : on gouverne avec des idées et non pas des compromis. Un président sera-t-il vraiment légitime s’il n’est considéré que comme le « Président qui a été considéré comme rempart au FN » ? On aurait bien vite fait de rappeler à un président trop ambitieux qu’il a été élu pour faire barrage et non pas pour son programme.

Pas forcément tout à fait d’accord mais intéressant

Quelque part, c’est comme si les votes pour le FN – jusqu’à ce que ce dernier soit élu et déçoive tout le monde – ne pouvaient plus que progresser. Alors que cela soit en 2017 ou 2022…

Conclusion

On m’a toujours appris qu’il fallait voter (même si cela était on-ne-peut-plus inutile (cf. 1.)). J’ai dit oui même si je ne cautionne aucun programme à 100%. Après tout, le grand soir ne viendra pas, l’élection reste donc le seul moyen de changer les choses. À présent on me demande de voter utile. Je souhaite conserver mon « libre arbitre » et choisir un candidat, pas un favori des sondages. La Vème République est suffisamment peu démocratique pour que je participe à une atteinte supplémentaire au principe du gouvernement par le peuple.

Note de fin

Méthode de calcul du pourcentage d’influence à l’élection présidentielle

± 44 800 000 inscrits sur liste électorale * 0.75 (taux de participation) = 33 600 000 votants
1/108 600 000 = 0,000 000 029 761 9 = 0,000 002 976 19%

Remarque : il semblerait que le taux de participation à l’élection présidentielle soit plutôt de 80% en général.