Le court, pour vous faire court :
Un film de court métrage se définit comme une œuvre cinématographique dont la durée est inférieure à 60 minutes. Le CNC a publié en fin d’année dernière une étude sur le marché du court-métrage en France en 2015. Résultat, ce sont plus de 2500 “courts” qui sont diffusés dans les salles en France chaque année. Les faibles coûts de production (en moyenne 86 000€) expliquent en partie cette mode grandissante. Mais ce qui fait surtout le charme du court c’est qu’il échappe à de nombreuses contraintes tout en permettant à des auteurs de s’essayer au Cinéma. Tout réalisateur se doit d’ailleurs de passer par cette case. On peut par exemple penser à Jean Pierre Jeunet qui imposait déjà sa patte graphique dans Foutaises.
C’est dans cette dimension artistique que le Très Court International Film Festival s’est inscrite. La première édition, présidée par Moebius, célèbre auteur de BD, eut lieu en 1999. Le festival revient cette année et fête son dix-neuvième anniversaire. Aux commandes de cette édition, nous retrouvons Nicolas Boukhrief, réalisateur de La Confession (2016), Made in France (2015), ou Gardiens de l’Ordre (2009). Il s’exprime sur le festival :
Même si la sélection est éclectique, les courts métrages sont plus souvent à caractère humoristique (dont certains très drôles). Nous retrouvons quand même des drames, du fantastique et parfois même de la science fiction. Sur la forme, des documentaires comme de l’animation sont présents. Les films sont en fait à l’image de la production française de court-métrage.
L’animation à l’honneur
Les films d’animation en lice pour le Prix ont été réalisés pour la plupart dans des grandes écoles d’animation, et ont déjà une qualité visuelle proche des productions professionnelles. Nous pensons au court métrage Darel (qui nous vient de Cardedeu en Espagne), mettant en scène les mésaventures d’un caméléon dans le métro ; ou encore l’excellent Unsatisfying, une compilation de petits moments de la vie insatisfaisants. Le festival nous reflète une production européenne rayonnante, aux écoles qui forment les plus grands animateurs.
Un festival international
La particularité du Très Court Festival est de se dérouler simultanément partout dans le Monde, dans plus de 80 villes dans 25 pays – on vous l’accorde, principalement européens.
Les 32 films projetés sont également des productions venant de chaque coin du Globe. La sélection ne s’est pas faite en fonction du pays d’origine, mais véritablement sur la qualité des films, leur pertinence narrative et leur habillage visuel. C’est ce qu’explique Marc Bati, coordinateur de la sélection.
Un tremplin pour les vidéastes ?
Dans l’ensemble des films agréés en France en 2015, 51,8 % des réalisateurs qui ont dirigé leur premier film de long métrage avaient auparavant réalisé un film de court métrage (rapport du CNC). Peut-être l’occasion pour le gagnant de cette 19ème édition de concrétiser de plus gros projets, et qui sait, un jour voir son film sortir dans les salles obscures.
Le jury délivrera son verdict final courant juin, après des débats, on se doute, houleux. Les gagnants pourront se faire récompenser par le Grand Prix, le prix de l’originalité, le prix de l’animation, le prix du public (les internautes pourront voter en ligne), le prix Canal+ (avec à la clef un achat des droits du court métrage) et SURPRISE le prix du droit des femmes. Pour ce dernier, un jury spécial sera mobilisé et constitué de l’ensemble des déléguées régionales du Service des droits des femmes et de l’égalité inter-sexes, des membres de la délégation aux droits des femmes du Conseil économique, social et environnemental, ainsi que différentes personnalités actives dans ce domaine. Une bonne nouvelle dans un monde audiovisuel très masculin !
Pour voir les projections organisées en France (et dans le monde) suivez le lien.