Il faut dire que Mura Masa nous avait manqué… 2 ans que – tel le petit poucet – le jeune producteur égraine les musiques. 2 ans que nous attendions donc la réunion des morceaux en un album unique. C’est donc ce long assemblage – qui donne un petit air de déjà entendu – qui forme ce nouvel album intitulé Mura Masa.
Ce qui change (un peu) : les featurings
Il y a déjà plus d’un an, Mura Masa avait choisi de nous donner un aperçu de ce que serait son album avec un premier morceau clippé. Choix intelligent de l’artiste puisque What if I go? est assez similaire au reste de l’album.
On y retrouve notamment tout l’apport de Someday Somewhere, son dernier maxi, à savoir les featurings. En effet en s’offrant la voix d’artistes sur quasi-tous les tracks de son album, Mura Masa romp définitivement avec sa première mixtape Soundtrack to a Death.
La vraie question est maintenant : est-ce une bonne chose ? La réponse est simple : pas toujours.
Si le mélange voix/électro passe très bien sur What If I Go? on ne peut qu’être déçu de Messy Love. Le morceau liminaire commence en effet comme un voyage rempli de douceur et de volupté. Seulement voilà, les turbulences se font sentir une demi-minute plus tard. Le producteur s’est essayé au chant et ça ne passe pas très bien. Rien qui ne gâche l’album ou qui soit très désagréable non plus. Mais un regret : celui de ne pas avoir pleinement pu profiter de cette instru qui avait l’air si belle.
En soi ce n’est pas tant la qualité des featurings qui est regrettable mais surtout leur quantité. Aucun·e des artistes ne chante faux. En revanche, trop souvent, on a l’impression que l’instrumentale se serait suffit à elle-même, que la voix est là simplement par une peur du vide.
On pourra cependant relever des featurings bien plus réussis comme celui avec A$AP Rocky ou Desiigner (connu pour Panda). Non pas parce que les rappeur ont un réel talent mais simplement car ce mélange d’univers fonctionne aussi bien qu’il est inattendu.
Une autre collaboration particulièrement saluée est celle de Christine and the Queens (bien plus appréciée qu’une certaine autre du moins…). Plus que s’associer à l’univers de Mura Masa, il semblerait que la française en créé un autre. Là où les voix avaient pour habitude d’accompagner la musique, la normalienne semble lui donner non seulement une intensité nouvelle mais aussi un autre sens. La musique perd en abstraction et ce n’est finalement pas plus mal.
Ce qui ne change pas : la poésie
Comme à son habitude le britannique nous livre un album plein de poésie. Une sorte d’électro impressionniste dirait-on. Sans verser dans la minimale, on sent une volonté de mettre juste ce qu’il faut comme note.
On sent d’ailleurs que le producteur n’est pas à l’aise dès qu’il s’agit de sortir de cet univers. On peut notamment penser ça lorsque l’on voit sa prestation, très moyenne, faite pour Boiler Room.
Il semblerait en fait que Mura Masa soit un « album-chambre ». Le genre d’album qui pourra toujours passer en soirée mais qui s’écoute surtout étendu·e sur son lit ou en fond sonore pendant ses devoirs.
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