Pour la deuxième année consécutive, Underlined a eu la chance de se rendre au Festival International du Film Indépendant de Bordeaux (le fifib pour les intimes). Ceux qui nous suivent sur Instagram ont déjà ouï dire de notre présence par nos stories impromptues. Les festivités sont maintenant terminées, parmi celles-ci le festival organisait plusieurs rencontres avec Michel Ocelot. Si vous n’y étiez pas, on vous raconte.
Focus : les mots de Michel Ocelot, le grand animateur
Le FIFIB s’est attardé sur ce grand monsieur qu’est Michel Ocelot. Lors d’une rencontre avec lui, nous avons appris sans surprise que l’animation est une passion pour lui depuis sa jeunesse. Une jeunesse qui semble ne l’avoir jamais quittée tant son âme d’enfant transparaît dans ses paroles et ses films.
La conquête de l’animation numérique
Le premier film a être diffusé dans le cadre de ce focus était Azur et Asmar. À la différences des courts métrages présentés dans la suite du focus, ce film est un vrai dessin animé. En effet, celui-ci n’a pas été fabriqué à l’aide de silhouettes de papier, les dessins sont numériquement animés. Lorsque l’on demande à Michel Ocelot la raison de ce changement, la réponse est simple : « j’avais enfin de l’argent ! ». La technique est plus coûteuse, mais elle lui a permis de réaliser son oeuvre avec plus de détails, plus de personnages et plus de décors merveilleux.
Kirikou était lui aussi est un film d’animation. Malgré un budget relativement faible (3.8 millions d’euros contre 9 millions pour Azur et Asmar) il avait permis de faire connaitre Michel Ocelot par le plus grand nombre et de récolter assez de fonds pour continuer à faire rêver et voyager petits et grands.
L’animation des silhouettes, entre magie et minutie
Lors d’une rencontre, nous avons assisté à la projection du court métrage Ivan Tsarévitch et la princesse changeante. Cette fois, c’est avec des ombres et des silhouettes de papier que la magie opère. Dans les courts métrages, les influences folkloriques sont diversifiées, passant du conte aux relents orientaux à celui contant l’histoire de pirates occidentaux sur la route des Indes.
Quelques explications après le visionnage nous ont appris comment fabriquer les personnages et les décors : du papier articulé, des accessoires qui permettent de traduire les expressions des silhouettes… et un quadrillage au beurre sur du plastique transparent pour créer des étoiles scintillantes.
Et comment anime-t-on le tout ? En stop motion : « on place un personnage, et clic, une photo. On le déplace, clic, une photo. Au bout du compte, toutes les photos mises bout à bout forment une image animée ». Les personnages sont placés sur une vitre, la lumière est projetée par dessous. C’est ce long processus qui donne cette animation en ombre chinoise. Beaucoup de petites astuces qui permettent de créer un film à la fois beau et sans grands besoins matériels. Du pur artisanat d’art en somme.
Une dernière soirée de courts métrages
Pour la dernière nuit du focus, le Fifib nous a proposé d’autres courts métrages tels que Les 3 inventeurs (1980), La Légende du pauvre bossu (1982) ou encore Le Prince des joyaux (1995). Pour le premier, la technique est quelque peu différente, le papier a cédé sa place a des napperons de pâtissier. 3 inventeurs tentent de faire accepter la nouveauté à la population en leur faisant découvrir d’incroyables inventions. Sans doute notre préféré.
La Légende du pauvre bossu mérite de s’y arrêter un instant lui aussi puisque la technique diffère encore un peu des précédentes : le dessin n’est pas toujours animé, peu coloré, tout en restant absolument captivant. Michel Ocelot prouve son habilité à magner différents types d’animation.
Un autre film en préparation
Nous avons fait une autre découverte lors de cette rencontre, et pas des moindres. Michel Ocelot travaille actuellement sur une nouvelle création : Dilili à Paris, qui sortira le 10 octobre 2018. L’histoire est celle petite fille kanake et de son ami, un jeune livreur, qui enquêtent sur les disparitions de fillettes à Paris, aidé « femmes et hommes extraordinaires », chercheurs et inventeurs pour la plupart. Si les personnages seront animés par la magie du numérique, les décors eux seront constitués de photos de la capitale.
Michel Ocelot continue sur sa lancée et n’arrête pas d’innover pour émerveiller son public. Il semble ne jamais manquer d’imagination.
On ne peut que remercier le Fifib de lui avoir consacré ce focus. Il ne nous reste qu’à attendre patiemment la sortie de son prochain et prometteur film !