Pixar

Les Indestructibles 2 défonce tout (même Avengers)

14 ans que nous l’attendions, 14 ans de pression croissante sur les épaules de Brad Bird. Et cette attente a payé. Les Indestructibles 2 est sans aucun doute l’un des meilleurs Pixar. Le long-métrage d’animation s’avère même être plus jouissif qu’Avengers Infinity War. Les deux films de super-héros se rêvent en apologue jubilatoire et sur (presque) tous les points Les Indestructibles 2 est irréprochable (contrairement à Avengers).

Le plaisir au service du sourire

On a d’abord l’impression que l’équipe a pris beaucoup de plaisir à faire ce film. D’abord parce qu’il y a une tonne d’Easter Eggs qui parsème ce long-métrage. Or comment consacrer autant d’énergie à des détails que 99,99% des spectateur·ice·s ne remarqueront pas si ce n’est par amour de la tâche ? Ensuite, parce que cette attention des détails se couple à une sorte d’énergie en constante ébullition. On la ressent dans les personnages mais aussi dans tous ces objets en mouvement ou dans la fluidité des plans. Il faut en fait comprendre que tout dans ce film, respire la bonne humeur. Que ce soit les dialogues, le chara design ou la morale, tout reflète une attitude positive.

Une 3D superbement utilisée

Si vous refusez de croire que le cinéma qui s’inspire maintenant du jeu vidéoLes Indestructibles 2 en est la preuve irréfutable. Car oui, les scènes à la première personne, la « caméra » suivant le héros de derrière pendant son déplacement et changeant d’angle pendant sa chute, les plans à plus de 25 images par secondes sont autant d’indices montrant les convergences entre les deux supports. Cela obéit à une logique bien précise : celle du plaisir du spectateur et du jeune public.

Alors que dans un film en prise de vues réelles (i.e. avec de vrais humains), le côté jeu vidéo peut paraître surfait et plus déstabilisateur qu’autre chose, il s’impose ici presque logiquement. A vrai dire ne serait-ce que pour des raisons économiques. On sait comme il a été dur pour Disney de conserver sa branche 2D. Au contraire Pixar a essayé de multiplier les possibles avec la liberté laissée par l’image de synthèse. La caméra peut balayer une pièce à 360°, suivre un personnage sur plusieurs kilomètres en plan-séquence. On observe aussi un soucis des détails assez important, le réalisme ayant été poussé jusqu’à reproduire les peluches des vêtements.

C’est assez simple, la caméra n’obéit dans ce film qu’à une règle : rendre les scènes claires quand elles apportent des informations et presque orgasmiques quand il y a de l’action.

Une histoire bien racontée

Il ne faut pas oublier non plus que le défi était de taille pour Brad Bird : réussir à faire un film qui plait aux enfants… de 2004 comme de 2018. Si cela a justifié des choix visuels réussis, le scénario, en revanche, en pâti un peu. L’histoire n’avance pas toujours très vite (le film dure 2 heures) et les personnages sont parfois étonnement long à la détente. Mais c’est le jeu.

Et puis de toute façon, le film a aussi de quoi plaire aux (jeunes) adultes. Premièrement en grâce à son lot de blagues. Après Avengers, on aurait été tenté de croire qu’un film d’action devait maintenant faire un arbitrage humour/baston. Mais ici, que nenni. Que ça soit visuellement ou dans les dialogues, le film est très drôle et cela s’est ressenti en salle. Sans verser dans le film comique non plus, les blagues fusent tout au long du film avec différent niveaux de lectures (certaines sont-elles grivoises ?).

Un souffle de modernité

C’est d’ailleurs ça qui est agréable : la pluralité de niveaux de lectures. On le ressent notamment avec les différentes morales plus-ou-moins dissimulées. Une première leçon sera explicitement formulée par le Méchant mais on on observe aussi des critiques de la société américaine sous-jacentes. La mauvaise répartition des tâches domestiques et le virilisme sont dénoncés. De même, les connivences entre lobbying, publicitaire et politique semblent présentées comme évidentes (peut-être même trop pour en saisir le danger…). On observe même des pics sur la politique carcérale états-uniennes.

En ce sens, même dans ses références, Les Indestructibles se montre être un film résolument moderne. Le film s’adresse à un public bien plus large qu’il aurait pu le faire et réussi son pari. On aurait d’ailleurs bien titré « si vous ne deviez voir qu’un film cet été, regardez Les Indestructibles 2 » mais il y a Au Poste de Quentin Dupieux.

Tout (ou presque) est bon dans ce film.
Animation
90
Humour
80
Scénario
60
Personnages
90
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La bonne dose d'action
Placere et docere son petit frère
Revivre son premier amour avec Violette
Attention
Aux voix en VF
Au scénario un peu long
90