Détective Pikachu s’avère être avant tout une succession de bons moments. Malgré des défauts et longueurs, le film déborde d’une énergie émouvante
Il faut s’imaginer Pikachu avec une casquette de détective en images de synthèse. Il faut aussi imaginer Diplo mixant devant un combat opposant un Tortank à un Ectoplasma.
Une relation père-fils compliquée qui va devoir en traquer une autre ; ne pas faire un deuil pour mieux en accepter d’autres ; un cocon familial et sentimental à substituer à celui d’une vie stable et solitaire. On retrouve pèle-mêle des airs de Princesse Mononoké, Dragons 3 et Blade Runner pour nous convaincre d’une chose : il est impératif de devenir ce que l’on doit être.
Qu’est-ce qui est jaune et qui passe parfois longuement ?
Naturellement, le long-métrage tombe dans le piège du film pour enfants. Beaucoup trop de scènes sont (mal) jouées d’avance (on ne remercie pas Justice Smith) mais durent quand même.

C’en est d’autant plus agaçant que les répliques plates composées de « maintenant que nous avons ça, il nous faut ça » se multiplient. Comme on s’y attend aussi, les choses ne tournent jamais mal très longtemps et les solutions se trouvent facilement.
À l’inverse, on aurait aimé que le film soit un peu plus mature autant dans la forme que dans le fond. Les plans et l’étalonnage bleu/violet ne sont pas sans rappeler Blade Runner et leur musique celle d’Oneohtrix Point Never pour Good Time. Malheureusement, cette esthétique disparait progressivement avec l’aspect policier au profit des scènes d’actions. Il se met à tout le temps faire jour et les personnages deviennent très lisses.
Mais on pardonne bien des choses à ce film pour enfants. L’importance n’est pas là. Assister à deux projections en une semaine m’en aura convaincu : on peut passer à côté de ces défauts pour apprécier.
On t’a déjà dit que t’étais une beauté numérique ?
Ce qui est à retenir de ce film c’est l’incroyable attention portée aux détails. De la première scène au générique, Détective Pikachu regorge de petits easter eggs qui feront plaisir à quiconque scrute les images. Et qu’est-ce qu’il est agréable de voir à quel point l’univers a été développé. Une pastille d’assurance sur les voitures, un logo pour le train, des buildings qui ne sont pas tous pareils, des costumes pensés pour être assortis au Pokémon : tout a été minutieusement conçu.

Les incrustations de Pokémon sont toujours visuellement impeccables (plus que les dragons de Game of Thrones) et le bestiaire plutôt fourni. Certaines scènes auraient même pu être tournées de manière à ne pas devoir modéliser les Pokémon et pourtant elles sont bien là.
Boules de poil(ade)s
Tous ces détails convergent vers le même objectif : rendre ces 105 minutes jubilatoires. Et quand les nappes de synthés retentissent devant un Ryme City présenté en travellings et en drone, c’est réussi. Pareil pour toutes les fois où l’on rit pour bien des raisons différentes. Comique de situation, d’action et même blagues sur le monde du travail se succèdent et se complètent.

Détective Pikachu n’est pour autant pas simpliste. L’intrigue réserve quelques surprises et si l’on se penche sur certains détails, ils apparaissent plus réfléchis qu’à première vue.
De la part de mon enfance ayant toujours rêvé de ce film, à ce film qui rappelle qu’elle ne s’arrête jamais vraiment complètement, merci.