Insouciance, acception et mal-être décomplexé : les clés des Skyblogs pour un avenir meilleur
Avant les podcasts sur le virilisme, avant Fauve, il y avait le skyblog. Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître.
Les skyblog avant l’effondrement
Les skyblogs étaient kitschs, laids, truffés de fautes d’orthographe, sous perfusion de Blingee, sans aucun souci de copyright et de droit à l’image. Mais ils avaient un mérite, celui d’être des journaux intimes à ciel ouvert.

Les skyblogs, c’était le mélo des comptes privés Twitter, les « Trigger Warning » en moins, un certain esprit de communauté en plus. On y exposait pêle-mêle ses erreurs, ses échecs, son droit de souffrir et son remède : son refuge, ses amis, ses espoirs.
Esprit Skyblog en phoenix
Les skyblogs ont beau avoir disparu, leur esprit a survécu.
Aujourd’hui, Dolan fait (maladroitement) des autofictions pour montrer à quel point la défense des enfants homosexuels américains mérite autant d’attention que les scènes de guerre au Moyen-Orient.
Même le rap s’autorise à montrer sa fragilité. Les égotrips virilistes sont devenus des confessions spleeneuses sur sa propre finitude (de Jorrdee à PNL en passant par Hyacinthe, Vald et Columbine).
On a eu beau rire de Fauve et de Saez, aujourd’hui les phrases mélo-romantiques de Booba sous autotune ne choquent personne.
Destination égo
L’introspection se développe et cela n’a rien de blâmable. Alors qu’on pourrait y voir le triomphe de l’individualisme, peut-être faut-il y voir l’amorce d’un nouveau signe de ralliement.
Les créations artistiques récentes ont définitivement tourné la page des représentations des groupes en tant que sujets. Personne n’a plus envie de se considérer comme atome d’une société.
Il serait bien donc bien vain de vouloir raconter une histoire où les personnages ne seraient que des engrenages d’un rouage scénaristique. Personne n’aurait envie de voir une aventure où l’on s’attacherait au destin d’une classe sociale plutôt qu’à celui d’un individu. Voilà peut-être pourquoi les dernières tentatives de ce faire étaient en noir et blanc.
Le seul espoir est donc de présenter et de définir le personnage par ses pensées plutôt que par ses actions, comme au temps des Skyblog. Cette introspection est le moyen de faire gagner le personnage en profondeur (et de le développer).
1 = 1
Peut alors se développer une introspection comparée (qu’est-ce que je pense, moi, par rapport à l’écran ?) qui nous pousse à nous projeter en l’autre. Comprendre un skyblog (comme Evangelion comme Bojack comme Houellebecq comme Dolan), ne se fait qu’en se mettant à la place de l’autre.
À ce titre, Rocky était bien meilleur que Creed II. Malgré leurs difficultés à communiquer, les personnages du premier opus étaient plus humains et complexes que les personnifications mécanisées de la détermination sans nuance de Creed II.
Cet aller-retour dialectique permanent que nous offrent ces œuvres débouche sur deux issues. Soit admettre d’être semblable à un autre, soit rejeter son altérité.

La force du skyblog (comme de la focalisation sur la psyché en générale) est alors de rejeter l’autre sans jugement aucun. Comprendre que derrière les actions à priori incompréhensibles, il y avait une logique… pas la sienne, non, mais une logique qui se valait tout autant.
Pour que l’art revienne une porte vers l’acceptation de l’autre, le skybloguiser est nécessaire.
Comme eux, lâche un coms ;-p