VIDEO. Pourquoi l’économie du cinéma repose sur Mulan et Tenet ?

Scripte :

Acte 1 : le cinéma tel qu’il est

Le saviez-vous ? Les salles de cinéma vont mal.

En 2019, le cap était pourtant au beau fixe, l’année était même dite record. Imaginez-vous, Le Roi Lion, Avengers, La Reine des Neiges, Joker ou même Toy Story 4. Autant de titres phares qui ont ramené petits et grands dans les salles obscures.

Meilleures entrées dans les cinémas de 2019 d'après Wikipédia
Meilleures entrées de 2019 d’après Wikipédia. 2 films français sur les 15 premiers

Beau tableau non ? Excepté que vous l’aurez remarqué, tous les noms que j’ai cité.. bah c’est du cinéma américain. Et il faut dire qu’il représente normalement à peu près un ticket vendu sur deux. L’an dernier était même record : 117,76 millions d’entrées pour les films US soit 55,2% des parts de marché. Donc forcément les blockbusters de Disney, pour les cinémas, c’est un peu leur oxygène. 

Acte 2 : la covid

Mais, la panique post-covid-19 ne s’arrête pas là.

D’abord parce que les salles ont dû fermer pendantt le confinement. Et ensuite parce que maintenant qu’elles sont rouvertes, les gens ont un peu et/ou pas envie de mettre le masque ou alors sont en vacances. Tout ça fait que les spectateurs sont pas super en rendez-vous et qu’en face, on n’a pas grand-chose à aller voir !

On devait avoir Tenet, mais c’est reporté sans date. Côté français, dans une moindre mesure, Petit Pays ou Effacer l’historique, mais là encore, reporté.

Et là quand on voit ça, on se dit que la, tout de suite, tant qu’il n’y a pas de concurrence, ça serait le moment parfait pour balancer un gros blockbuster. Et bien non ! Enfin du moins, tout simplement noir, une comédie française qui a tout pour plaire a fait un très mauvais démarrage. Faut dire que qui a pensé à aller au ciné quand on se dit que de toute façon il n »y a rien à voir.

Acte 3 : pourquoi il est énervé l’exploitant ?

Là vous allez me dire qu’un film c’est pas la règle et vous avez raison. Reste que sortir un film, c’est des risques.

D’abord, peu de films sortent pendant les grandes vacances mais il y en a quand même, sans compter les rétrospectives. Par conséquent, attendre qu’il y ait plus de gens qui soient disponibles pour aller le voir même s’il y a d’autres films à voir, peut-être un bon calcul si l’on veut être reprogrammé pour plusieurs semaines.

Secundo, sortir un film, ça ne coûte pas rien. Distribuer un film c’est aussi prévoir la communication : bande annonce, relations presses, achat publicitaires, etc. : sortir un film, c’est en soi un risque financier.

Tertio : aujourd’hui, on a malheureusement le choix. Si pendant lgtps, les films qui sortaient directement sur DVD c’était pas trop le top, aujourd’hui c’est différent. UGC qui devait sortir Brutus VS César de Kheiron l’a finalement vendu à Amazon Prime par exemple. Même chose du côté du Pacte qui a préféré vendre son Pinochio au géant américain que laisser le public le découvrir en salle.

Donc forcément, quand Disney décide de priver les cinémas de Mulan, et bien ça énerve.

Mais reste une question : pourquoi est-ce que c’est un choix ?

Vous vous rappelez quand vous avez vu Okja au cinéma ? The Irishman alors ? Vous vous souvenez quand vous avez vu J’ai perdu mon corps sur Netflix alors ? Non plus. Pas de panique, c’est normal si vous n’êtes pas belge. En France, on a une règle que l’on appelle la chronologie des médias qui fait que si un film sort au cinéma et bien il faut attendre en principe 4 mois pour qu’il soit disponible en vidéo à la demande et 3 ans pour qu’il soit sur les plateformes de streaming légal (SVOD). 

Chronologie des médias en détails
Chronologie des médias en détails d’après Wikipédia
Les députés essaient de revenir sur la chronologie des médias

Acte 4 : pourquoi il est pas seul à l’être ?

Autant dire que la situation est facile pour personne, et on a beau se moquer, on se doute que l’exploitant a raison d’être à cran. Surtout que c’est toute la filière qui est en pâtie.

Moi d’entrées cinés, c’est moins de revenu pour le CNC, l’organisme qui s’occupe d’ensuite aider les producteurs à financer leur film.

Les producteurs eux sont plus réticents à l’idée de produire des films sachant qu’ils vont être en concurrence avec un calendrier post-épidémie déjà chargé en blockbusters.

Les distributeurs sont face à une impasse : sortir les films avec des résultats en deça des attentes ? Ou les revendre à des plateformes qui sont en même temps leurs concurrentes ?

C’est un peu le serpent qui se mort la queue.

Acte 5 : on fait quoi ?

Mais alors, comment est-ce qu’on en est arrivés là ? Comment peut-on avoir l’impression que les salles et le fonctionnement du cinéma français sont si dépendants à Mulan et Tenet ?

Si vous avez bien suivis, pour rendre notre exploitant de cinéma content il y a en fait 2 choses à faire :

  1. Continuer d’aller au cinéma, pour revitaliser cette industrie
  2. Montrer que l’on fait encore confiance aux petits films, prendre des risques. À une époque où Joker passe pour du art et essai, il est de plus en plus difficile pour une petite production audacieux se distinguer, pourtant l’un pourra se faire racheter ou décaler sans risquer de destabiliser sa major, alors que pour l’autre ce sera plus difficile.